– Que ce soit juste un sentiment ou une situation réelle, l’échange entre les deux pays ne risque pas de s’arrêter de sitôt.
Connu pour être le moteur de la croissance européenne, l’Allemagne est aujourd’hui surtout le moteur de l’inflation européenne.
En effet, alors que l’Institut français de la statistique et des études économiques (Insee) a annoncé une inflation annuelle à 5.6% au mois de septembre, le voisin allemand frôle les 10%.
Cette flambée des prix outre Rhin a eu pour conséquence d’inverser les habitudes des Français et des Allemands habitants près de la frontière.
En effet, depuis le passage à l’Euro en 2002, les citoyens français affluaient vers les commerces allemands qu’ils jugeaient moins chers.
Au mois de janvier, lorsque les prix de consommation augmentaient inhabituellement en France, les français continuaient d’aller en Allemagne pour s’approvisionner en produit d’hygiènes, mais aussi en fruits et légumes.
« Il y a quelques années encore, j’achetais même mon diesel en Allemagne », raconte Ahmet à la presse.
Rencontré dans un magasin de droguerie très prisé des français, ce Strasbourgeois « se moque des Allemands qui font la queue dans les stations de service français ». Il faut dire que depuis que le gouvernement français et le géant de l’énergie Total ont décidé d’appliquer des ristournes sur le prix du litre de carburants, les Allemands ont rué cette fois-ci vers la France, créant, au passage, plusieurs minutes d’attentes, et cela, bien avant les grèves.
Pour Ahmet qui avait l’habitude de faire toutes ses courses en Allemagne, « ce n’est plus possible aujourd’hui ». Il explique alors que les produits d’hygiènes ont presque atteint ceux de la France mais que la « qualité reste largement meilleur ».
Mais pour lui, « ça ne sert plus à rien d’aller à Lidl ».
** Moins de Français que d’habitude
Ce samedi, les parkings des magasins habituellement visités par les Français restent remplis. Mais selon les constatations de nos correspondants, il y a beaucoup moins de Français que les mois précédents.
Sylvie est mère de famille. Avec trois enfants, elle dit « calculer chaque centime dépensé ». Pour elle, il n’y a aucun doute que « les prix en Allemagne ont bien explosé ». Pourtant, elle estime que « la plupart des produits qu’elle achète reste encore abordable en Allemagne ». Elle conseille de se tourner vers « la marque des magasins au lieu de payer des fortunes pour des grandes marques ».
De toute façon, comme a pu remarquer notre correspondant, certaines grandes marques comme le géant américain Mars qui commercialisent les chocolats Mars ou Twix, ont disparu des rayons de certains magasins allemands.
D’après nos informations, les entreprises allemandes, en particulier le géant du commerce Edeka, se livrent à une bataille économique avec les industriels.
Les commerces allemands accusent les industriels de profiter de la situation pour augmenter les prix sans justification réelle. Parmi ces marques, on retrouve également le leader de la boisson Coca Cola, qui n’est plus du tout proposé dans certains magasins.
** De plus en plus d’Allemands en France
En revanche, le nombre de voitures circulant à Strasbourg (capitale européenne et ville voisine avec l’Allemagne) a sérieusement augmenté. Il n’y a pas pour l’instant de statistiques publiées par les autorités, mais en tout cas, c’est le sentiment général de la population locale.
« Au départ, je venais uniquement pour le carburant », explique Thomas, à notre correspondant. Cet employé dans un restaurant à Kehl, de l’autre côté de la frontière, a découvert les grandes surfaces en France. Il faut dire qu’en Allemagne, les magasins du type Lidl ou Aldi avec une taille moyenne ont plus prospéré que les grandes surfaces. Même le géant Kaufland ne fait pas la moitié d’une grande surface en France.
« Il me faut surtout le choix » s’exclame Thomas qui pense que les prix en France « sont bien meilleurs ».
Que ce soit un sentiment ou une situation réelle, l’échange entre les deux pays ne risque pas de s’arrêter de sitôt. Sans frontières, avec une monnaie unique, les Français et les Allemands profitent largement de cette souplesse, notamment les jours fériés où les consommateurs affluent de l’autre côté qui n’est en général pas férié.
Lemessager63.com
